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Types de qi gong

Techniques et pratiques du Qigong

Généralités.

On peut distinguer quatre grandes catégories parmi les techniques de qigong: les techniques médicales, les techniques de santé, les techniques martiales, et celles relevant de l'alchimie interne.

- Les techniques médicales visent à guérir ou à réduire des pathologies précises, à réparer des déséquilibres, des insuffisances ou des excès au niveau des souffles yin et yang, à fortifier des organes ou des fonctions physiologiques. Ces techniques s'adressent à des personnes malades, ou souffrant de maux plus ou moins graves.
- Les techniques de santé visent à renforcer le tonus général, les défenses naturelles, à améliorer la circulation dans les méridiens, certaines fonctions comme la respiration, la digestion, l'assimilation, l'élimination, à maintenir les équilibres air, sang et énergie, à développer la souplesse, à disperser les tensions.
- Les techniques martiales visent à développer certaines capacités destructrices ou protectrices, comme la Paume de Fer pour la casse, ou la Chemise de Fer pour résister à des coups violents portés sur le corps.
- Les techniques dites d'alchimie interne visent à transformer la qualité, et même la nature, de certaines composantes de l'énergie générale à travers trois vecteurs qui sont le Souffle (qi), l'Essence (jing), l'Esprit (shen).

Il est à noter que les deux premières catégories regroupent essentiellement des techniques autrefois appelées daoyinfa ou yangshengfa, associant mouvements et respirations, pour conduire, étirer et nourrir la vitalité; alors que la troisième et la quatrième comportent plutôt des techniques du genre nei gong, associant respirations, visualisations, concentration et conduite du souffle. Les deux premières sont plutôt des gymnastiques, agissant tout autant sur les muscles, les tendons, les ligaments articulaires que sur les méridiens, qu'ils permettent d'étirer afin que l'énergie qui les parcoure y circule mieux. Dans le nei gong, par contre, il y a très peu ou pas de mouvements, la respiration, la visualisation, la concentration et l'intention se conjuguent pour mobiliser l'énergie, la rassembler, la mouvoir ou la transmuter.

Les actions qu'opèrent les techniques sur l'énergie.

Un point très important dans la pratique générale, est cette affirmation que l'exécution d'un mouvement particulier, associé le plus souvent à une respiration contrôlée, une visualisation et à une intention dirigée va, soit déplacer un flux d'énergie d'un point du corps à un autre, soit améliorer la circulation du qi dans un méridien précis, soit enfin, en augmenter la quantité. Les arts-martiaux dits internes proposent de plus de rassembler l'énergie, ou de la concentrer, pour l'utiliser de différentes façons:

1- Sources, réservoirs, productions et circulations énergétiques.

L'énergie générale, vitale et dynamique du corps à des sources d'approvisionnement et de production, des lieux de stockage et des voies de circulation.

Une source des plus importantes est incorporée dés la naissance de l'organisme, c'est le yuan qi (énergie originale, ou ancestrale). Cette énergie a pour lieux de stockage les reins. On l'appelle énergie innée car transmise directement par les deux parents, mais aussi par l'espèce vivante (l'espèce humaine) à laquelle on appartient. Elle est en place dés la naissance, et, bien que sa quantité soit fixée dès la naissance, on peut l'entretenir, la nourrir. Elle est accompagnée par une substance spéciale appelée Jing (essence) dont une part peut-être nourrie, reconstituée, l'autre non. C'est la part du Jing non restaurable, appelé Jing prénatal, qui détermine notamment la longueur de la vie. Le yuan qi se répand dans tout le corps par le Triple Réchauffeur. Le Jing prénatal circule essentiellement par les 8 méridiens merveilleux.
Les deux autres sources d'énergie, postnatales et dites énergies acquises,  sont issues de la nourriture (Gu qi) et de la respiration (Yong qi), lesquelles produisent d'abord le Zong qi (qi central), duquel est issu le Zhen qi, ou Vrai qi, qui est celui qui circule dans les 12 méridiens principaux et qui nourrit aussi l'énergie des organes et des entrailles. Le Zhen qi comprend deux formes d'énergies: le Ying qi et le Wei qi. Le Ying qi, ou énergie nourricière, circule dans les artères et dans les méridiens. Il circule selon un cycle de 24 heures (ou 12 heures chinoises), passant d'un méridien à l'autre toutes les deux heures. Le Wei qi, ou énergie défensive, circule dans et hors des méridiens, principalement dans les couches supérieures du corps et dans les méridiens tendineux-musculaires. Sa circulation est de 50 cycles par 24 heures, 25 fois vers l'extérieur durant la journée (période où le yang domine), 25 fois vers l'intérieur durant la nuit (yin dominant).
A part ces circulations, on sait que la respiration fait monter l'énergie pendant l'inspiration et la fait redescendre lors de l'expiration. De plus l'énergie suit aussi le sang et quand le sang se déplace par exemple vers le haut du corps, l'énergie le suit. Enfin, la volonté dirigée, l'intention, mais aussi l'émotivité, font aussi se mouvoir de l'énergie dans et hors du corps. Ainsi, lorsque l'on regarde un objet puis que l'on décide de le saisir, de l'énergie interne se déplace d'abord du corps vers l'objet, puis du tronc au long du bras vers les doigts, avant même que la main ne se tende vers celui-ci.

Le corps comporte aussi trois lieux de rassemblement, de concentration et de stockage des énergies.
- 下丹田, Xia Dantian ou Champ de Cinabre Inférieur est associé à la culture de l'énergie primordiale (liée au yuan qi) et à l'Essence vitale (jing) ou énergie sexuelle. Est aussi en relation avec la partie inférieure du corps et le sol, l'environnement terrestre local (rivières, vallées, montagnes, etc.). Peut être nourrit par la transformation des aliments en jing et qi. Source principale de l'énergie vitale de tout l'organisme.
- 中丹田, Zhong Dantian ou Champ de Cinabre Central est associé au stockage de l'énergie, à la respiration, à la santé des organes internes et particulièrement du thymus. Aussi en relation avec le cœur, l'émotionnel (qui peut en épuiser l'énergie), l'environnement social.
- 上丹田, Shang Dantian est associé à la conscience, à l'esprit Shen, et aussi à la glande pinéale. En relation avec le mental (qui peut en épuiser l'énergie), l'idéation, le ciel, les étoiles, l'espace.
 

2- Faire circuler l'énergie d'un point du corps à un autre.

De nombreux exercices de qigong prétendent améliorer, ou amplifier, la circulation de l'énergie dans tel ou tel méridien au moment même de l'exécution d'une technique appropriée. Rappelons-nous que l'énergie qui circule dans les 12 méridiens principaux y est plus active dans chacun des segments selon un cycle horaire précis. Par exemple, à l'heure Si (9h-11h), l'énergie dominante réside dans le méridien de la rate Taï yin du pied. Exécuter à cette heure-là une technique sensée faire circuler, ou tonifier l'énergie dans, par exemple, le méridien du Triple Réchauffeur Chao yang de la main, cela peut-il être efficace? Si cela était le cas, cela signifierai que l'on peut modifier à volonté l'activité énergétique dans les méridiens, et il n'y aurait alors plus d'accord entre l'horloge interne et les cycles externes. Hors, cet accord est justement un des fondements d'une bonne régulation de l'énergie interne, et donc aussi d'une bonne santé. Dans le texte sur les 6 sons curatifs de Sun Simiao, celui-ci précise bien la saison pendant laquelle doit être exécutée chaque technique.
Il semble plus probable que les daoyin aient été à l'origine des techniques d'étirement des chaînes tendino-musculaires, de dissipation de tensions localisées et d'ouverture des articulations, toutes actions qui permettent sûrement à l'énergie en place de se réguler et ensuite à la marée énergétique horaire de mieux s'établir, en son temps, dans les méridiens en relation. Et ceci est déjà un grand bien pour l'organisme. Expliquée ainsi, on peut donc accepter que la technique des daoyin soit définie comme une gymnastique énergétique, mais de là à la définir comme une technique de contrôle de la circulation, ou de tonification, d'augmentation en quantité et en qualité de l'énergie dynamique, il y a un pas qu'il nous semble difficile à franchir.

Pourtant, et parfois après des années de pratique, lors de l'exécution de certains exercices, synchronisés avec une respiration contrôlée et une intention dirigée, on peut effectivement sentir que des perceptions nouvelles se produisent. Les plus connus de ces phénomènes sont l'échauffement, la démangeaison, le gonflement, la palpitation, le spasme, le picotement électrique. Ils sont généralement localisés, parfois même sur un seul point du corps. Il semble donc bien que de l'énergie se déplace et se rassemble, se concentre en certains lieux du corps. Reste à comprendre quelles sont ses sources. Si c'est l'énergie qui circule dans les méridiens, est-il sain d'en modifier la circulation horaire normale en la déviant d'une zone du corps à l'autre? Nous n'avons pas encore trouvé, dans les livres, ou obtenu, des enseignants en qigong et des docteurs en médecine chinoise, de réponses précises à ce sujet.
Nous avons nous même expérimenté différentes techniques de mise en mouvement des énergie internes, suivant trois méthodes. La première à partir de certains des points Shu des 12 méridiens normaux. La seconde à partir d'un des cinq organes yin (qui stockent l'énergie): reins, foie, cœur, rate, poumons, chacun selon sa saison. La troisième à partir des champs de cinabre (dan tian). Après des années de pratique, seules la deuxième et la troisième méthode nous ont apportés des résultats sensibles, nettement perceptibles dans leurs effets immédiats ou à court, moyen et long terme. Par effets à moyen et long terme, nous voulons dire harmonisation ou amélioration des fonctions physiologiques (digestion, assimilation, élimination, respiration, sommeil, motricité, immunité, thermorégulation), des fonctions sensorielles (vue, ouïe, etc.), des fonctions dynamiques (force, souplesse, activité, résistance, récupération), et surtout disparition de toutes sortes de maux chroniques ou saisonniers et acquisition d'une grande santé, très rarement défaillante. Par effets à court terme nous voulons parler de ceux cités plus haut (échauffements, gonflements, spasmes, etc.), mais aussi d'autres assez étonnants, comme les mains nues qui deviennent chaudes lors de la pratique de zhan zhuang dans le froid de l'hiver ou, comme pendant la pratique de la forme lente de tai chi, la sensation d'une sorte de champ, d'enveloppe immatérielle mais cependant dense autour de certaines zones du corps.

3 - Augmenter l'énergie dynamique.

Si certaines techniques sont dédiées à améliorer, ou à harmoniser, la circulation de l'énergie dans les méridiens principaux ou extraordinaires, d'autres procédés visent à l'augmenter. Mais quand on parle d'accroître l'énergie, de quoi parle-t-on exactement ? Et bien en général cela signifie augmenter l'aspect dynamique de l'énergie, le yang, ce qui donne le mouvement, qui rend actif. Hors, d'après les principes de la médecine chinoise, le yin doit toujours équilibrer le yang. On ne peut augmenter l'un au dépend de l'autre sans que l'équilibre qui permet la santé ne se trouve rompu. On sait qu'en général, plus une personne normale doit fournir un grand effort, plus elle a besoin d'un temps de récupération plus long. C'est aussi cela, le yang et le yin. Cela est particulièrement vrai quand c'est l'énergie des méridiens et le sang qui fournissent l'énergie utilisée pour soutenir l'activité. Il faut un certain temps à l'organisme pour reconstituer les réserves de sang, qui alimentent artères, muscles et tendons, et celles de Ying qi, qui alimentent les artères et les méridiens.

Si une des propositions des techniques du qi gong est d'améliorer la circulation du Ying qi dans les méridiens, comme nous l'avons vu plus haut, d'autres sont d'améliorer la qualité même de cette énergie et aussi d'optimiser le rapport sang/énergie dans la composition du carburant alimentant l'organisme.
- Améliorer la qualité de l'énergie (comme du sang d'ailleurs) nécessite un travail sur l'alimentation, la respiration, l'activité générale, la sexualité, etc.
- Améliorer le rapport sang/énergie nécessite un travail sur le relâchement, la mobilisation et la circulation du qi, l'émotionnel, la respiration, l'intention, etc.

Ces deux améliorations participent d'une augmentation de l'énergie dynamique tout en restant dans la mesure et l'équilibre des rapports yin/yang. Elles permettent une activité normale ou accrue sans jamais générer de fatigue importante, ce qui implique une récupération rapide, non traumatisante pour l'organisme. La santé est alors toujours florissante.

Nous devons mettre en garde contre des procédés qui pourraient s'apparenter à de véritables dopages du yang de l'énergie vitale. Certains régimes alimentaires ou de phytothérapie, certaines techniques de qi gong, et même certaines techniques de pratiques sexuelles peuvent véritablement engendrer une grande tonification du yang de l'énergie vitale. Ces procédés peuvent se révéler extrêmement efficaces et hélas aussi très dangereux. Nous avons nous même connu un adepte qui en est presque mort. Alliant phyto chinoise et techniques sexuelles, il finit par subir un priaprisme pratiquement permanent et il arriva qu'une veine de son bas-ventre cédant, il faillit mourir d'hémorragie. Il ne dut alors son salut qu'à la rapidité avec laquelle il put rejoindre l'hôpital le plus proche. Plus couramment, un trop grand excès de yang engendre céphalées, cyclothymie, agitation, agressivité, incohérences dans le mental, insomnies.

Enfin, une des méthodes supérieures est de nourrir le jing postnatal, l'essence vitale, de la transformer ensuite en qi, l'énergie vitale, puis de raffiner ce qi pour réparer et nourrir le yuan qi, l'énergie vitale originelle, puis d'appliquer à l'énergie raffinée le "régime de l'Inversion de l'Eau et du Feu". Le qi raffiné est entreposé dans les champs de cinabre, notamment inférieur, et se diffuse principalement par les méridiens merveilleux, lesquels sont connectés à l'ensemble des méridiens normaux et aux organes. De plus, contrairement aux méridiens normaux, l'énergie peut circuler dans les deux sens le long des méridiens merveilleux. Notons que les procédés classiques d'alchimie taoïste ajoutent la transformation finale du qi en Shen (Esprit) pour compléter l'œuvre de transmutation interne selon le procédé d'inversion des transformations dit du "Retour à l'Origine" dans la pratique métaphysique du Nei gong.

4 - Mobiliser l'énergie et l'appliquer.

Bien que l'usage de l'énergie vitale puisse avoir de multiples applications, comme en médecine ou dans l'activité artistique, c'est surtout au travers des arts-martiaux qu'il est devenu célèbre. Tout le monde, ou presque, sait maintenant que les techniques de boxe dites internes sont sensées utiliser la mobilisation de l'énergie vitale pour une plus grande efficacité martiale. Les principales applications défensives ou offensives proposées sont:

- Protection renforcée contre les coups.

- Puissance globale physique augmentée.

- Puissance destructrice des frappes accrue.

- Pouvoir de soumission, subjugation.

- Contrôle et dérégulation de l'énergie vitale de l'adversaire.

Nous n'entrerons pas ici dans le détail de l'immense répertoire des méthodes transmises ou développées au cours de longs siècles de pratique et de recherche par les artistes martiaux, les Maîtres taoïstes, bouddhistes, mais aussi musulmans, ou animistes, et même chamans. Nous rappellerons seulement quelques principes majeurs communément mis en œuvre dans les styles de boxe les plus connus et répandus de nos jours, le Taï Chi Chuan, le Ba Gua Chuan, le Xing Yi Chuan et le Da Sheng Chuan.

Selon le niveau de pratique, de maîtrise, mais aussi de connaissance de ceux qui transmettent les styles dits internes, le répertoire des méthodes va de la plus simple incitation à concentrer son intention pour obtenir l'effet défensif ou offensif désiré, à de complexes, et parfois très long à maîtriser processus de rassemblement, de raffinage, de développement, de mobilisation, de concentration, de transmission et d'application de l'énergie.

En général, mais cela n'est pas une constante, toutes les méthodes s'appuient sur l'apprentissage initial de techniques physiques et motrices adéquates à de meilleures circulations et mobilisations de l'énergie vitale. Pour cela on met en place certains alignements structurels, on développe la centralisation et l'équilibre, on unifie le haut et le bas, la droite et la gauche, l'interne et l'externe selon certains principes de coordination corporelle. La plupart des méthodes comprennent des exercices de base (ji ben gong), effectués statiquement, en se déplaçant en ligne ou en décrivant des cercles (Ba gua).
Ensuite, des techniques de nettoiement de l'organisme et de l'énergie interne, de rassemblement, de concentration, puis enfin de mobilisation et de circulation, sont enseignées et pratiquées jusqu'à l'obtention de résultats dont les effets et les manifestations sont aisément visibles et interprétables par les vrais maîtres. On peut simuler certaines manifestations de l'énergie vitale devant des non connaisseurs, mais on ne trompera jamais un véritable pratiquant, un adepte de haut niveau, et encore moins un maître du neigong.

Enfin les techniques d'applications de l'énergie parachèvent la pratique. Si chaque style interne a développé sa propre théorie sur l'usage stratégique de l'énergie, toutes visent à obtenir une efficacité réelle en combat. Malgré le mythe d'arts de combats où l'on n'oppose pas la force à la force, où la douceur maîtrise la dureté, il faut savoir que la grande majorité des grands maîtres de ces styles, souvent aussi leurs créateurs, étaient plutôt célèbres pour leurs techniques de frappes imparables et destructrices que pour faire rouler au loin leurs adversaires, en déviant d'un mouvement souple et élégant leur élan féroce. Sur l'Internet on peut trouver beaucoup d'informations sur certains de ces maîtres du passé, détenteurs parfois de techniques connues comme imparables et mortelles, tels Gu Ru Zhang, Guo Yun Fen ou Sun lu Tang.

Il semble bien qu'autrefois, les techniques de la "Paume de Fer", de la "Cloche d'or", ou de la "Chemise d'airain" étaient tout autant étudiées et pratiquées, sinon plus, que celles des esquives, des saisies, des projections, des clés et des déséquilibres.